lundi 24 mars 2014

Egypte: peine capitale pour 529 Frères musulmans

par 
media
Le journaliste australien de la chaîne al-Jazira, Peter Greste, lors du procès au Caire, le 24 mars 2014.REUTERS/Al Youm Al Saabi Newspaper

C’est une première dans l’histoire de l’Egypte moderne : 529 Egyptiens ont été condamnés à mort ce lundi 24 mars, un chiffre impressionnant. Tous sont accusés d'avoir participé à l'une des manifestations ayant suivi la destitution du président islamiste Mohammed Morsi l’été dernier. Seuls 153 des 529 condamnés
à la peine capitale étaient présents au procès. Les autres sont activement recherchés.

Depuis le mois de juillet, les Frères musulmans ou leurs sympathisants sont visés par une répression systématique. Selon une estimation d'Amnesty International, 1 400 partisans de Mohamed Morsi ont été tués dans les violences qui ont suivi la destitution du président islamiste.
Le 14 août dernier marque la journée la plus meurtrière. Ce matin-là, à l’aube la police met fin par la force à deux sit-in au Caire. L’un à Rabaa al-Adawiya, l’autre à la place Nahda. En l’espace de quelques semaines, des milliers d'Egyptiens sont arrêtés. Les dirigeants Frères musulmans rejoignent leur président déchu derrière les barreaux. Depuis, le pays vit au rythme des procès de ces opposants. En décembre, les nouvelles autorités égyptiennes prennent une mesure radicale contre la confrérie. Elles considèrent l’Organisation des Frères musulmans comme mouvement terroriste. Y appartenir devient un crime puni par la loi.
« La justice à la botte du gouvernement »
Ce mardi doit débuter un autre procès. Sept cents autres Frères musulmans encourent également la peine capitale. Mais là aussi, la majorité des accusés sont en fuite. Les présents devront comme les condamnés de la veille répondre de violences survenues l’été dernier. Parmi eux : Mohamed Badie. Le guide suprême de la confrérie est le véritable numéro un de l’organisation islamiste.
« Les autorités égyptiennes veulent infliger des peines exemplaires », regrette Yasser Fakharani, membre du mouvement égyptien des anti-coup d’Etat. « Les décisions politiques interfèrent dans le travail de la justice. La justice est à la botte des nouvelles autorités égyptiennes », dénonce ce jeune militant contacté au Caire. Au téléphone, Yasser Fakharani développe ses arguments : « Comment fait-on pour juger 529 personnes en quarante huit heures ? Durant ce procès express, aucun prévenu n’a pu prendre la parole. Même les avocats de la défense n’ont pas eu le droit de s’exprimer », s’indigne-t-il. Toutefois, Yasser Fakharani est rassuré par les discours de certains juristes égyptiens. « Ils nous ont affirmé qu’aucun frère musulman ne sera exécuté. La condamnation à la peine de mort est un avertissement dont l’objectif est d’intimider ceux qui oseraient encore manifester pour dénoncer le coup d’Etat en Egypte ».
Un procès contre al-Jazira
Parmi ces 16 journalistes de la chaîne télé du Qatar al-Jazira, il y a des Egyptiens et des ressortissants étrangers. Certains sont accusés d'appartenance à une organisation terroriste. Les autres sont poursuivis pour avoir diffusé de fausses informations. Al-Jazira est considéré par le nouveau pouvoir égyptien comme l'instrument du Qatar, principal soutien des Frères musulmans dans la région.
Dans une Egypte où l'armée a promis début juillet une « transition démocratique », l'ONU et des organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé une campagne de répression contre les médias. La première étape de cette transition a été l'adoption avec plus de 98% de « oui » d'une nouvelle Constitution, un référendum en forme de plébiscite autour de la personne du chef de l'armée, le très populaire maréchal Abdel Fattah al-Sissi, déjà donné favori de la présidentielle prévue avant l’été.

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